.............La pluie, lourde, poisseuse.
Moi, dans l'atelier aux néons.
Seul.
Face à face avec la Créature. Au bout de mes doigts, le pinceau claque.
Elle s'agite.
Rugit. Rougit. Belle.
Voluptueuse. D'une carnation parfaite. Va-t-elle prendre la pose ?
S'engage alors une lutte amor. A chaque instant je sais.
Je sais que je peux y perdre ce qui me reste de vie nocturne. Alors,
les heures s'effondrent.
Puis se confondent.
Le gingle du téléphone interrompt la séance. Une proposition intéressante.
La voix est chaleureuse. Le rire coloré.
Dehors, la pluie s'est arrêtée. Sous une lumière acide,
des dizaines de lombrics rampent dans l'allée boueuse du jardin. Je réfléchis.
Un peu trop longtemps.
Corrosif et puissant, un souffle de térébenthine effleure mon visage. Sorte de glissement
nauséeux vers le néant. Sur la toile, une coulée. Crachat grisâtre. Crachat puant.
Evaporée la Créature ! Quelle importance ! J'ai accepté la belle invitation.
Alain Millerand / Juin 2008
(texte proposé au visiteur)
Projet___Exposer dans le cadre d'un univers domestique le travail d'un peintre ou d'un plasticien.
EXTERIEUR / Je fabrique des supports mobiles pour les toiles avec des fers à béton.
INTERIEUR / Accrochage classique dans le grand salon.
Une trentaine de toiles. Anciennes et récentes. Pas de dessin.